Publié le : 17-07-2023
Comment Orange, partenaire du Tour de France depuis 24 ans, est parvenu à retransmettre le son et l’image de l’étape mythique du Puy-de-Dôme ? On en parle avec Henri Terreaux, Directeur des équipes techniques d’Orange.
Le Tour de France, 3e événement sportif mondial, c’est 150 millions de téléspectateurs en Europe. Mais la grande boucle ce n’est pas que les coureurs, la caravane, les spectateurs. C’est aussi une prouesse technologique, pour que chaque image captée arrive en temps réel sur nos écrans, un défi humain, mais également un challenge écologique, en témoigne l’événement phare de cette édition 2023 : la montée du Puy-de-Dôme, remportée par le canadien Michael Woods. Entretien avec Henri Terreaux, qui nous dit tout côté coulisses, depuis les fameuses zones techniques, centres névralgiques où la connectivité rencontre la passion du cyclisme.
Henri, vous avez entamé votre 26e Tour de France consécutif en tant que directeur technique. Vous nous parlez depuis l’une de ces fameuses zones techniques au lendemain de l’étape 9 du Puy-de-Dôme. Déjà, quel est le rôle d’une zone technique au juste ?
Une zone technique d'Orange sur le Tour de France est un espace dédié, installé à chaque étape, pour garantir tous les services de télécommunications et de connectivité de pointe lors de la course. Elles fournissent des connexions Internet haut débit pour les équipes, les médias et les organisateurs. Et ces équipes ont des besoins, comme de rester en contact avec leur staff, d'accéder aux données sur les performances des coureurs, et de communiquer avec le monde extérieur... Ça représente en tout 120 camions. Donc c'est véritablement une petite ville qui se déplace à chaque étape du Tour. Là au moment où je vous parle, je suis dans la salle de presse. L’une des parties de la zone technique. Il y a ici 99 chaînes de télévision et 66 radios qui commentent en direct depuis cette ligne d’arrivée, et derrière, il y a une vingtaine d’agences photos, 350 journalistes de la presse écrite qui diffusent ce qui se passe sur le Tour dans 189 pays dans le monde... bref, c’est une énorme machine.
La mythique montée du Puy-de-Dôme, abandonnée pendant 35 ans, a fait son grand retour sur le Tour en 2023. À site exceptionnel, mesures exceptionnelles. Comment connecte-t-on une zone si complexe au monde entier ?
Pour moi, c'était l'étape phare de cette édition, et en effet la plus complexe à mener.
Notre métier, ce n'est pas de filmer, c'est de transporter les images, les sons et les données, vers la ligne d'arrivée, vers les différentes motos et hélicos qui sont chargés de couvrir la course. Et sur un site comme le Puy-de-Dôme, la tâche s’avère plus complexe qu’ailleurs. On parle d’un volcan à 1 500 mètres d’altitude. Là nous ne pouvions pas accueillir les 120 camions-régie au sommet comme d’habitude, alors nous avons installé une mini-zone là-haut, la zone N°1, avec un camion qu'on appelle le Chronopole, dans lequel vous avez les jurys, tous les classements et la photo finish, en cas de sprint. Après, derrière, on avait tout ce qui était data, des lignes pour des photographes, les agences photo qui doivent immortaliser l'arrivée et la retransmettre. Dans cette zone d'arrivée, il y avait 8 caméras fixes de France Télévisions, le podium protocolaire, 9 caméras de vidéosurveillance déployées par Orange… Avec un car satellite pour envoyer toutes les images vers la zone technique N°2, disposée sur le circuit de Charade, à 17 km plus bas. En plus de ces deux zones, nous avons mis en place quatre autres zones techniques connectées entre elles : avec le quartier des coureurs, la salle de presse et le bureau organisateur, le plateau TV, les tribunes VIP… Moins connu, on a également sur le tour un car médical qui permet de faire des radiologies, radiographies, des IRM. Pour couvrir ces besoins, nous avons installé un relais 4G et 5G disposé au pied de la montée. Bref, nous avons dû nous adapter aux contraintes du site du Puy-de-Dôme. C’était ça le grand défi. Le défi de la retransmission en temps réel.
En parlant d’adaptabilité, le Puy-de-Dôme étant un site protégé, classé au patrimoine Mondial de l’Unesco, on imagine que ça a été aussi à prendre en compte.
Clairement, en plus du défi technologique, c’était un défi écologique. On a très vite su qu’il y aurait des conditions drastiques au retour du Tour de France sur cette étape. Le premier enjeu était de ne pas dénaturer le site. Ça, c'était évident. En plus du public moins nombreux, en ce qui nous concerne, nous avons limité le nombre de véhicules et le nombre de techniciens sur le site en lui-même. Il nous fallait donc forcément avoir une diffusion par satellite, et il fallait également qu'on amène nos fibres, notre câblage, et même construire un podium spécifique. Trente ans auparavant, à l’arrivée il y avait un funiculaire avec des rails. Donc, il a fallu fabriquer des sortes de U pour recouvrir les rails. Et puis, vous ne l'avez peut-être pas vu à l'écran, mais les coureurs arrivaient sur une sorte de terre battue, un chemin un petit peu empierré, et avec une sorte de castine blanche. Et donc on ne pouvait pas coller ou peindre la ligne d'arrivée. Il a fallu ruser pour respecter le site. Donc, un lino spécial a été fabriqué pour matérialiser la ligne et étalé au niveau du finish. C'est une des premières fois où on a vu une ligne d'arrivée sur un lino !
Le Tour de France est soucieux des enjeux écologiques. Le public, au fil des années, s'est également discipliné. D’ailleurs quand je suis redescendu du sommet et repassé le long de la course, j'ai vu énormément d’habitants de la région qui récupéraient des sacs-poubelle et aidaient au nettoyage du site.
L’un des aspects que l’on ne sait pas forcément, c’est que les dispositifs techniques ne disparaissent pas avec la fin du Tour. Des relais 4G/5G, sont laissés en service après le passage de la course, c’est bien ça ?
Tout à fait. Il y avait un secteur sur le sommet du Puy-de-Dôme avec une capacité de connexion qui était un peu juste, ne serait-ce que pour les touristes. Donc, nous avons renforcé tout le dispositif. La fibre que l’on a posée au gymnase à Orcines et celle posée au foyer rural resteront. Nous avons installé la fibre à l'entrée, au milieu du circuit, et puis au niveau de la tour de contrôle. Nous avons également renforcé quatre relais mobiles sur les 20 derniers kilomètres au niveau de différentes communes. Tout cela restera.
Pour boucler la boucle, quel souvenir marquant vous restera de cette étape du Puy de Dôme 2023 ?
D'habitude, à l’arrivée, les coureurs vont se réfugier dans leurs bus et s'y enferment. Là, tout se passait à ciel ouvert. Les coureurs, torse nu, se faisaient éponger par leurs chaperons, dans l’herbe, éprouvés par tant d’efforts. Ils se faisaient photographier par les journalistes qui se mettaient à plat ventre ou à quatre pattes, qui tendaient leurs micros en direction de leurs visages qui traduisaient tant d’émotions. Cette étape du Puy-de-Dôme a été une belle aventure, aussi en raison de son humanité.
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L'étape du Puy-de-Dôme en images
Crédit photos : Gilles Lechat
À 1465 m, au majestueux Puy de Dôme.
Une seconde zone technique installée au circuit automobile de Charade.
Thierry et Lolo terminent l’installation de la caméra de surveillance sur la ligne d’arrivée.
Derrière les camions Orange, une émission en direct de Radio France.
Interview de Christian Prudhomme, Directeur du Tour de France, assurée grâce aux liaisons Orange, bien sûr.
Les coureurs ont franchi la ligne d’arrivée…exténués.
L’équipe En Vrai vous invite dans les coulisses du Tour de France lors de l’étape du 9 juillet au Puy-de-Dôme.
Embarquez avec nos amis d'En Vrai dans les coulisses @LeTour 🚵 à la découverte des équipements techniques d'@Orange_France qui retransmettent les images dans le monde entier 🚴♂️🌍
— Orange Auv-Rh-Alpes (@OrangeAuRA) July 13, 2023
La vidéo ➡️ https://t.co/jdJGjpHSeA@auvergnerhalpes @AuvergneMarque pic.twitter.com/TOWKErk6xiOrange et le Tour de France 2023 en chiffres
- 450 techniciens et superviseurs en ligne
- 54 experts et techniciens mobilisés sur chaque étape
- 36 techniciens mobilisés nuit et jour au contact de la course
- 10 techniciennes sur le Tour de France Femmes avec Zwift
- 38 km de câble déployés sur chaque site d’arrivée
- 6 réseaux Wifi 6 zones d’arrivée et salle presse
- 40 relais mobiles temporaires pour renforcer la couverture réseau mobile
- 66 To de trafic data mobile pendant le Tour
- 195 To de trafic sur la fibre
- 52 millions de connexions data mobile/ jour attendues tout au long de la course
- 9 caméras de vidéo-surveillance pour assurer la sécurité des sites
- 592 communes couvertes en 4G pour le parcours Hommes et 214 communes couvertes en 4G pour le parcours Femmes
- 18 villes étapes du parcours Hommes et 8 villes étapes du parcours Femmes couvertes en 5G
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