La 5G dans les aéroports : un risque existe-t-il ?

Publié le : 16-02-2022

Un arrêt net. Deux grands opérateurs de téléphonie américains, Verizon et AT&T, devaient lancer au début du mois de janvier une nouvelle vague de déploiement de réseaux 5G. Mais plusieurs compagnies aériennes ont fait connaître leur inquiétude aux autorités de réglementation de l’aviation civile américaine. En cause ? De possibles interférences entre le réseau aérien et la 5G.

Le contexte aux États-Unis

Mercredi 19 janvier, les deux principaux opérateurs de téléphonie mobile américaine, AT&T et Verizon, ont choisi de retarder le déploiement de la 5G à proximité de nombreux aéroports américains.

Une mise en pause précipitée et soudaine, causée par les craintes de l’aviateur Boeing et de plusieurs compagnies aériennes, comme Japan Airlines, ANA ou Emirates auprès de la Federal Aviation Administration (FAA), l’autorité de régulation et de contrôle de l’aviation civile des Etats-Unis.

La FAA a ainsi demandé aux opérateurs de suspendre instamment le déploiement du réseau dans un nombre non précisé de localisation.

Au-delà d’un manque d’anticipation dénoncé par la presse américaine, le problème serait lié à de possibles interférences entre les radioaltimètres, ces radars qui mesurent la distance entre l’avion et le sol et sont indispensables pour les systèmes d’atterrissage automatique notamment, et les fréquences de la 5G. Mais comment la 5G pourrait-elle déranger le bon fonctionnement de ces appareils ?

Une question de fréquence

L’inquiétude des compagnies aériennes américaines vient en premier lieu de la relative proximité entre les fréquences utilisées par la 5G et celle des radioaltimètres. Outre-Atlantique, les opérateurs téléphoniques ont obtenu l’exploitation de la bande de fréquence allant de 3,7 à 3,98 GHz.

Or, les radioaltimètres utilisent une bande de fréquence relativement proche de celles-ci, comprise entre 4,2 et 4,4 Ghz. “Dans les faits, la 5G américaine est très loin des fréquences utilisées par les radioaltimètres : 200 MHz d’écart, c’est beaucoup”, souligne Gilles Brégant, directeur de l’Agence nationale des fréquences (ANFR) au Figaro.

Au-delà de la problématique des fréquences, la question est aussi celle du positionnement des antennes de relais 5G situées à proximité à l’aéroport. Les opérateurs américains, moins régulés qu’en France, émettent plus puissamment qu’en Europe, aussi les risques d'interférence sont plus élevés.

Est-on susceptible d’avoir le même problème en France ?

En France, la situation est bien différente à de nombreux égards. En premier lieu, sur la question des fréquences : elle a été délimitée entre 3,4 et 3,8 Ghz dans l’Hexagone, soit une différence encore plus notable avec les radioaltimètres qu’aux Etats-Unis.

En parallèle, les opérateurs téléphoniques français ont dirigé les antennes relais à proximité des aéroports vers le sol et non vers le ciel, dans le cadre de la mise en œuvre de mesures de précaution provisoires définies par les autorités et les opérateurs. “Sous le contrôle de l’ANFR, les opérateurs français sur 17 aéroports, ont configuré leurs antennes afin que les faisceaux soient dirigés vers le sol et non vers le ciel. De cette façon, il ne peut y avoir d’interactions avec les avions ou d’éventuelles perturbations des radio-altimètres, la 5G servant uniquement les utilisateurs au sol. A noter également, la 5G est très régulée en France grâce notamment à l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) ou l’Agence de Sécurité Sanitaire (ANSES) et qu’elle est moins puissante que celle déployée aux Etats- Unis”, note Gilles Brégant au micro de France Culture.

En effet, en France, l’ANFR a pris le sujet en main dès l’année 2020 dans le cadre d’une consultation commune avec les acteurs de la filière. “(...) Nous avons mis en place des mesures transitoires visant à protéger les axes d’approches des aéroports. Nous avons fait des tests avec des hélicoptères, ils peuvent se poser n’importe où, sans problème”, note encore le directeur général de l’ANFR.

Aucun incident causé par la 5G n’a été relevé en France. Mais pour régler définitivement cette problématique, les équipementiers ont déjà prévu de mettre à niveau les radioaltimètres, dont certains encore en circulation sont apparus en même temps que la 2G. Le groupe d'électronique français Thales, note Le Monde, a lancé le développement de “mises à niveau permettant d’augmenter la robustesse” de ces appareils dans un environnement 5G. Ces nouvelles versions pourraient apparaître dès 2023.

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