L’aventure du Tour de France vue côté Orange

Publié le : 25-05-2022

Des ponts qui s’effondrent, de la fibre tirée par hélicoptère et des équipes déployées de nuit sous des bourrasques de vent de 100 km/h... équiper le Tour de France, c’est aussi du sport. Henri Terreaux, directeur de projets événementiels Orange, raconte.

99 chaînes télé, 68 radios, 450 journalistes de presse écrite et seulement un an pour préparer l’événement. Le Tour de France, troisième événement sportif mondial après les Jeux Olympiques et la Coupe du monde de football, est un défi technique de haut vol.
Chez Orange, une équipe de 50 personnes, logisticiens et techniciens, suit le Tour, à qui s’ajoutent les quelque 600 techniciens régionaux, « les fondations du Tour de France », insiste le directeur de projets événementiels Henri Terreaux. Une fois la machine lancée, les équipes sont sur le pont 24h sur 24h, par tous les temps et sous toutes les latitudes. « La magie du Tour de France est d’arriver aussi bien dans un village de 500 habitants que sur les Champs Élysées, et on déploie la même infrastructure », s’enthousiasme M. Terreaux. Récit du Tour de France côté réseaux.

Quels sont les plus gros défis techniques ?

Il y a d’abord les étapes à l’étranger. Cette année pour l’édition 2021 nous aurons une arrivée à Andorre-la-Vieille, en Andorre, l’an prochain ça sera au Danemark. Il faut négocier avec les opérateurs pour pouvoir transiter et faire acheminer nos flux depuis les villages de départ et d’arrivée vers la France.
Le second point de fragilité sont les étapes au milieu de nulle part. Quand vous arrivez au sommet de l’Aubisque, au sommet du Tourmalet ou cette année au mont Ventoux, ce ne sont pas des lieux qui sont propices à amener du réseau très haut débit.

Quels types d’imprévus peut-on rencontrer ?

A Pra Loup par exemple, un glissement de terrain la veille du passage du Tour de France, dans la soirée, a emporté un pont et arraché toutes les fibres qui alimentaient à la fois les réseaux existants et la fibre de l’arrivée du Tour. Dans la nuit, on a réussi à rebooter et réparer les liaisons.
Sur le mont Ventoux, à 1h du matin le directeur du Tour m’a informé, suite à des conditions climatiques extrêmes avec des rafales de vent de 140km, que l’arrivée serait déplacée au chalet Reynard, à 6km du sommet. Entre 1h et 6h du matin, à la lampe frontale et par des bourrasques de vent extrêmes, les équipes de nuit ont déplacé la fibre de 6km.

Y’a t-il une étape mythique pour les techniciens Orange ?

Pour le Galibier, la ligne d’arrivée est en trois zones distantes de 12 km. La veille de l’étape, il neigeait. Il y a des crevasses et humainement on ne pouvait pas tirer la fibre. Il a fallu mobiliser un hélicoptère sous lequel on avait un touret de fibre optique. Ça, c’était une étape mythique pour nous.
Un de mes grands souvenirs est le Tour de France en Corse. Nous avons embarqué à Toulon vers 18h et mes collaborateurs et techniciens ont travaillé jusqu’à une heure du matin pour fibrer le bateau. Le lendemain matin, nous sommes arrivés à Porto Vecchio à 7h30 du matin, nous avons jeté depuis le pont une fibre sur le quai et nos collègues Corses l’ont branchée. Le bateau est devenu une salle de presse ultra connectée, sous les yeux émerveillés des journalistes et de la direction du Tour de France.

Ce sont des infrastructures souvent invisibles pour le grand public mais pourtant bien physiques. A quoi ressemblent-elles ?

Concrètement, j’ai un dispositif composé de 3 camions qui sont des centres téléphoniques sur roulettes. A l’intérieur nous avons des équipements type Dslam, des réseaux wifi 6, de la visioconférence, un réseau de vidéosurveillance, de la traduction simultanée…
Le matin, lorsque nous arrivons dans une salle de presse de ville de départ ou d’arrivée, il n’y a rien. Nous avons deux heures pour mailler les différents médias et l’organisation. Pour cela, nous tirons une douzaine de kilomètres de câbles et de fibre, que nous récupérons les soirs pour la ville étape suivante.
Parfois sur les étapes en montagne les 120 camions de l’étape d’arrivée ne peuvent pas s’installer au sommet. La zone d’arrivée se scinde avec 20 camions au sommet et le reste dans la vallée, à 17 kilomètres de distance. Nous sommes obligés de tirer des fibres optiques entre les différents niveaux pour transférer les images, les sons et les datas vers la zone déportée.

S’agit-il d’installations temporaires ou pérennes ?

Il y a plusieurs volets. Dès le mois de novembre, nous étudions le parcours de toutes les étapes et les 10 km de chaque côté de la course. Sur les communes traversées, on regarde si on peut upgrader les réseaux que ce soit en 3G, en 4G, mettre des ressources complémentaires et essayer de les fibrer. Il y a une deuxième étude pour voir s’il y a des poteaux abîmés, endommagés ou vétustes. Ça, c’est une partie qui restera pour les collectivités.
Ensuite, se pose la problématique des sites de départ et d’arrivée. Nous mettons des moyens mobiles temporaires et des fibres optiques que bien souvent nous laissons. Cette année nous avons une arrivée à Pontivy. La ville va bénéficier de la fibre optique et nous la laisserons pour la collectivité locale. Maintenant le parc des expos peut organiser un salon avec des gamers.
C’est une relation gagnant-gagnant. Lorsque le Tour arrive dans une région, on sait que Orange mettra et laissera les ressources nécessaires au bénéfice de la collectivité.

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